Cette comédie légère, dont les acteurs jouent généreusement, pratique le flashback, appuyé par une dégradation délibérée de l’image, et un montage dynamique. Danses et chants ethniques émaillent la quête des origines.
Certaines phrases blessent dans le cadre de parentés compliquées, mais une douceur baigne cet éloge de la piété filiale, à l’instar des nombreuses contre-plongées lunaires caractéristiques de la Chine.
Bénéficiant de financements étrangers, franco-taïwanais, l’Ours d’argent au 51ème Festival du film de Berlin, inspiré par un autre voleur de bicyclette, celui signé par Vittorio De Sica, commence comme un documentaire laconique, à travers le dédale de la vieille Beijing. Mais celle-ci disparaît.
L’œuvre ambitionne le film d’auteur, avec sa voix off, digressif, sinon transgressif. La femme fatale s’inscrit au sein d’une double relation triangulaire, puisqu’elle attire non seulement son amant officiel et son violeur, mais encore l’inexpérimenté Dong Zi. Film d’initiation également : sur la perte de l’innocence ou sa redécouverte.
Le cinéaste utilise talentueusement la palette des couleurs, conférant unité filmique et cohérence psychologique. Les prises de vues à la caméra portée soutiennent à la fois suspense et aspect documentaire.
Wang Tong assume son personnage de Ruan Hong. Celle-ci, lors de sa scène finale, abandonne son maquillage d’entraîneuse au profit de la simplicité et de la pureté.
Wang « Ren Mei », « Jolie Personne », effectivement, ravissante incarnation de Xiao Feng, donne la réplique à son futur mari, le séducteur Jin Yan, talentueux interprète de Jiang Bo. Mixte d’innocence enfantine et de sensualité féminine, dépassant Silvana Mangano dans Riz Amer, Wang Renmei assume les nombreux changements de ton, entre comédie et drame, avec un art consommé, typique de l’art théâtral. Li Lili saura aussi utiliser son expérience du spectacle vivant pour briller devant la caméra.
À l’instar des troupes théâtrales, des acteurs récurrents chez Sun Yu l’aident à caractériser ses personnages. Ainsi, le metteur en scène Zheng Junli, ami fiable de Jiang Bo, lettré mais bien plus avisé que l’artiste peintre, interprète Xiao Li, travaillant ici à la peinture de réclames occidentales, même d’automobiles. Zhang Zhizhi incarne le père de Xiao Feng : nous présentâmes, lors de la sixième édition du Festival du Cinéma Chinois de Paris, son rôle le plus important dans Shen Nu.
Raymond Delambre,
Film accompagné d’une musique composée par Zhang Chun,
avec un montage de Wang Hong.
Une atmosphère pleine de mystère et de poésie. Fascinante interprétation
de Wei Heling.
Un film réalisé en l’honneur des premières femmes devenues pilotes de
bateaux. Sun Yu en fait une comédie pleine de fraicheur de d’humour tout à fait révélatrice de l’optimisme des années 50. L’emploi de la couleur et le choix d’acteurs jeunes et fort beaux concourent à l’impression générale d’euphorie.
Onze fleurs, tourné à Si Mian Shan au Sichuan, coûta 2,1 millions de dollars, dont 20 000 dollars octroyés par le Plan de promotion de Pusan en 2008 et 52 000 dollars alloués par les Portes ouvertes de Locarno en 2009. Nominé comme meilleur film pour enfants 2011 aux Asia Pacific Screen Awards, il s’agit du premier film ressortissant officiellement du nouvel accord pour la coproduction sino-française signé en 2010 : la contribution française réside dans la post-production. D’où sans doute la musique d’accordéon. Tant l’époque considérée, de la Révolution culturelle, que les filmage et cadrage évoquent la littérature des cicatrices ainsi que Chen Kaige ou Zhang Yimou. Cependant, Wang Xiaoshuai, à travers la vision subjective et partielle de son enfant protagoniste, conjure, comme à l’accoutumée, l’effusion sentimentale.
Le film a été tourné en décours naturels et le chantier était véritable. Les acteurs se sont mêlés aux ouvriers, travaillant et chantant avec eux. Sun Yu raconte qu’il a plus ou moins écrit le scenario en fonction des acteurs qu’il avait choisis, de sorte qu’ils ont gardé leur personnalité et même leurs noms. Par exemple les deux filles étaient très différentes : l’une ouverte et gaie (Li Lili), l’autre douce et tendre (Chen Yanyan), comme elles l’étaient dans la vie.
Dans ce film, il y a beaucoup de scènes gaies ; pourtant ce n’est pas une comédie. Mais malgré le drame final, dans l’ensemble le film est
optimiste… Les chansons et la musique accompagnent les mouvements et les soulignent. Le Chant de la route a été écrit par Nie Er ; je voulais quelque chose comme Les Bateliers de la Volga. Il participa au tournage et c’est lui qui écrivit la musique des chansons.
[…]Pour moi, la forme de l’œuvre artistique est déterminée par le contenu. On ne peut pas faire entrer les films dans des formes préexistantes. Il y aura toujours de nouvelles formes.
D’après « Souvenirs » de Sun Yu, in Dianying yishu, mars 1982.
Le Festival de Berlin décerna l’Ours d’argent pour son scénario en 2008 à cet intense mélodrame, à l’instar des décor et climat pékinois. La scène d’ouverture révèle la désorientation urbaine contemporaine. Cinématographiquement, les longs plans fixes éloignent de l’humanité.
Prix du jury au Festival de Cannes en 2005, le film, sur une trame classique, vaut peinture du quotidien, bénéficiant de cadrages composés, destinés à distiller une impression d’enfermement.