Lors d’un tournage dans les environs de Shanghai, Yan, un acteur renommé, rencontre Li, une charmante chanteuse qu’il fait engager pour jouer avec lui dans l’adaptation cinématographique d’une ancienne pièce de théâtre traditionnel chinois. Le film obtient un grand succès, et les deux stars, unis sur l’écran, deviennent bientôt un couple dans la vie réelle. Mais Yan omet de révéler qu’il est déjà marié, selon les termes d’une union forcée. En désespoir de cause, il préfère se faire passer pour un amant volage que d’avouer son terrible secret. Désabusée, Li abandonne le monde du cinéma et retourne à la campagne pour vivre auprès de son père.
Ce film est remarquable à divers titres : magnifique drame classique servi par des interprètes non moins charismatiques, il est également une étonnante et très rare plongée dans les coulisses des tournages de l’époque mythique du cinéma chinois, et un superbe manifeste de l’Art Déco dans le Shanghai des années 1920, en même temps qu’une réflexion en forme de variations sur les thèmes de la tradition et de la modernité, et des cultures chinoise et occidentale qui se côtoient sans cesse au fil d’un récit placé sous le signe de la dualité entre ruralité et urbanité, monde réel et coulisses du spectacle, mensonge et vérité. Il n’y a pas jusqu’au réalisateur et aux deux acteurs principaux dont les noms n’aient leur double occidentalisé.
Quant au titre, il se réfère à une légende chinoise : deux amants séparés par le destin se réunissent dans la voie lactée sous la forme de deux étoiles.
Pour le film Deux Étoiles dans la Voie Lactée, Baudime Jam est resté fidèle à l’idée que composer l’accompagnement musical d’un film muet ne repose pas sur un principe de carte blanche, et qu’il est essentiel de fonder sa démarche sur le respect total de l’œuvre cinématographique, des intentions de son auteur et de son esthétique : servir le film et non se servir du film.
On retrouve donc dans sa partition, de façon subtile, toute la dualité du film qui fait tantôt s’opposer, tantôt se marier les esthétiques occidentales et chinoises. Entre contemplation orientale et pétulance des Années Folles, drame classique et comédie chinoise, la partition épouse chaque contour d’un scénario multiple. Pour l’occasion, une flûte, instrument commun aux deux cultures, rejoint le Quatuor Prima Vista pour ajouter ses couleurs à l’éventail de celles des instruments à cordes.