Vive ma femme ! / Long live the Mistress

太太万岁( Taitai wansui !)
dimanche 28 août 2011

Dans une famille bourgeoise de Shanghai,au milieu des années 1940, Sizhen est une jeune femme intelligente et jolie, douée d’un caractère aimable. Pour faire plaisir aux autres, elle a compris qu’il était commode de mentir ce qu’elle fait sans vergogne mais avec tant de gentillesse que tous ceux qui l’entourent sont sous le charme : sa belle-mère qui en oublie d’être acariâtre, sa servante qui lui est totalement dévouée, sa belle-sœur qui ne veut sortir qu’en sa compagnie, son mari qui dit n’avoir confiance qu’en elle, et même son vieux grigou de père qui est tout sourire pour sa fille et qu’elle persuade de donner de l’argent à son époux pour qu’il fonde l’entreprise de ses rêves. Mais une fois l’affaire devenue florissante, ce dernier, aussi charmant que faible, se laisse séduire par une belle aventurière auprès de qui il perd complètement la tête. C’est alors que Sizhen, en bonne Shanghaïenne qu’elle est, au lieu de s’effondrer en pleurs, fait comme si de rien n’était et entreprend de regagner « en douce » le terrain perdu. Aussi déterminée qu’elle soit, il ne lui est pas facile de sauver les apparences et une fois l’adultère avéré, elle est obligée de demander bravement le divorce. Ce n’est qu’après de nombreuses péripéties, notamment la faillite de la société, ruinée par un associé véreux, et le mariage en cachette de sa belle-sœur avec son jeune frère, qu’elle réussit à sortir d’une situation inextricable... jusqu’au happy end, dans la meilleure tradition hollywoodienne.

Écrite par ZHANG Ailing dont c’est le second scénario, cette comédie satirique, bien enlevée et bien interprétée doit beaucoup aussi au style de Sang Hu fait d’intelligence, d’humour et d’une inaltérable confiance dans la nature humaine.
Face à ZHANG Fa, parfait dans le rôle du mari, JIANG Tianliu incarne le personnage de Sizhen avec grâce mais également beaucoup de finesse, passant insensiblement du rire aux larmes et devenant émouvante quand à la fin, les masques tombent. Formée au théâtre pendant la guerre, JIANG affirme un talent prometteur ici, comme dans Mère et fils (réalisé par LI Pingqian en 1947) dont elle a aussi la vedette avec ZHANG Fa. Mais après avoir joué face à ZHAO Dan, dans le film controversé de ZHENG Junli (Entre nous, mari et femme, 1951) on ne la vit plus beaucoup à l’écran, mis à part quelques rôles secondaires qui s’avérèrent parfois périlleux, comme dans Au nord, aussi des terres fertiles (Beiguo jiangnan), SHEN Fu, 1961, autre film violemment critiqué, cette fois à la veille de la Révolution culturelle.
Autour de Sizhen, les autres protagonistes sont tous excellents. Outre CHENG Zhi en souteneur (on lui réservait les rôles de méchants), on remarque SHI Hui, le père de l’héroïne, dans une composition particulièrement réussie et surtout en séduisante maîtresse du mari, SHANGGUAN Yunzhu dont le personnage, loin d’être anodin, occupe toute la place dès qu’elle apparaît à l’écran, révélant le très large registre de celle qui fut sans doute la meilleure actrice de l’après-guerre. Après 1949, elle dut se confiner dans des situations de victimes « des préjugés de l’ancienne société », mais chaque fois elle sut conférer à son rôle, même convenu, un sens dramatique si fort qu’il en devenait bouleversant (dans Févier, printemps précoce de XIE Tieli, Sœurs de scène de XIE Jin, L’ Arbre mort reprend vie de ZHENG Junli....), si bien qu’aujourd’hui, quand on revoit ces films, on a l’impression qu’ils annonçaient déjà sa fin tragique en 1968.


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