XIE JIN

(1923 - 2008)
mercredi 19 octobre 2016

Grand réalisateur et scénariste reconnu de Shanghai, Xie Jin fait partie de la troisième génération de réalisateurs chinois.

Il est né le 23 novembre 1923 à Shangyu, dans le Zhejiang, issu d’une famille de lettrés. En 1930, il suit ses parents à Shanghai où il fait ses études. En 1938, il suit son père à Hong Kong et y reste pendant un an. A son retour à Shanghai en 1939, il poursuit ses études tout en suivant des cours d’art dramatique. Depuis son enfance il est passionné par l’opéra de la région, ce qui l’amène vers le cinéma.

En 1941, Xie Jin part à Chongqing et entre à l’École Nationale d’art dramatique à Jiang-an, école transférée de Nankin, alors sous occupation Japonaise. Il y a pour maîtres les grands dramaturges de l’époque, comme Cao Yu, et des hommes de théâtre également cinéastes comme Hong Shen, Huang Zuolin ou Chen Liting.

En 1943, il part à Chongqing où il devient régisseur, script et acteur. En 1946, il reprend ses études à l’École Nationale d’art dramatique qui est de retour à Nankin , dans le département de la mise en scène. En 1948, après avoir terminé ses études, il entre à la Compagnie cinématographique Datong comme assistant réalisateur. Il y commence sa carrière auprès de Wu Renzhi dans L’épouse muette.

Après la fondation de la République populaire, en 1950, il est affecté comme assistant réalisateur, puis réalisateur au Studio de Changjiang, qui par la suite, a fusionné avec les Studios de Shanghai.

Xie Jin est l’assistant de Shi Hui sur le tournage de La Lettre à plumes en 1953. En 1954, il réalise son premier film Rendez-vous au Pont Lan, un film d’opéra Huai inspiré de la légende d’un amour fidèle et tragique.

En 1957, il réalise La Basketteuse n°5, premier film chinois en couleurs sur le monde du sport, qui devient son premier grand succès.

Son film Le Détachement féminin rouge, réalisé en 1961, est couronné Meilleur Film et lui Meilleur Réalisateur lors de la 1er édition du Prix des Cents Fleurs.

En 1962, il tourne une comédie, Grand Li, petit Li et vieux Li, autour du thème du sport et de la santé dans une usine. Dans ce film, il rassemble les plus grands comédiens comiques de Shanghai, tels que Liu Xiasheng, Fan Haha, Wen Binbin, Fang Liying, ainsi que le célèbre acteur comique de cinéma, Guan Hongda.

En 1965, il réalise Sœurs de scène, qui renoue avec sa passion pour l’Opéra Yue, à travers les drames des artistes.

Peu de temps après, en 1966, la Révolution culturelle balaye la Chine. Sœurs de scène est violemment critiqué. Xie Jin et toute sa famille sont au premier rang des victimes des gardes rouges. Il est séquestré sur son lieu de travail, dénoncé comme « monstre ». Il subit des violences et des insultes, plus de 200 meetings féroces sont organisés contre lui. Ses parents n’ont pu supporté cette persécution et se suicident : son père, en avalant des barbituriques, sa mère, en se jetant par une fenêtre. Xie Jin est, lui-même, forcé de nettoyer des toilettes et de balayer les Studios de Shanghai, avant d’être envoyé en « rééducation » à la campagne.

Après plusieurs années, Xie Jin est soudain rappelé à Shanghai pour le tournage d’un film, Le Port, un des huit « opéras modèles » lancé par Jiang Qing. Le film co-réalisé avec Xie Tieli de Pékin, sort en salle en 1972. Dès lors, il tourne des films sur ordres, jusqu’à la chute de la « bandes des quatre » en 1976.

Après sa réhabilitation, il réalise des chefs-d’œuvre des années 1980 :
- La Légende du mont Tianyun, qui fut couronné de quatre prix à la première édition du Coq d’Or en 1981, dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur ;
- Le gardien de chevaux, obtient le prix du Meilleur Film du Ministère de la Culture en 1982, ainsi que le celui du Meilleur Film des Cent Fleurs en 1983.

En 1984, il réalise à nouveau un portrait de femme : Qiu Jin, l’histoire d’une révolutionnaire opposée à la dynastie des Qing qui fut exécutée après un soulèvement manqué en 1907.

Le Village aux hibiscus sorti en 1986, est honoré du prix du Meilleur Film par le Ministère de la Radio, du Film et de TV. Il remporte 3 récompenses au prix du Coq d’Or, dont celles du Meilleur Film et de la Meilleure Actrice pour Liu Xiaoqing, ainsi que 4 récompenses des Cent Fleurs, dont celles du Meilleur Film, du Meilleur Acteur pour Jiang Wen, et de la Meilleure Actrice.

En 1989, il tourne un film aux États-Unis et à Venise : Les Derniers aristocrates, l’histoire de quatre jeunes chinoises parties faire des études aux États-Unis en 1948.

En 1992, après avoir terminé le film Vénus, il prend sa retraite des Studios de Shanghai. Puis, Il crée la société Hengtong Film et TV Production en 1993 dont il est le PDG.
En même temps, soucieux de la formation de jeunes talents, et pour transmettre son expérience, il crée à Shanghai une école du cinéma qui porte son nom, où sont formées les actrices Zhao Wei et Fan Bingbing.
Trois ans plus tard, son école est intégrée à l’Université de Shanghai et il devient Directeur Général de l’Institut des arts audiovisuels de Xie Jin.

Cinq films sont produits par Hengtong, dont un film grandiose qu’il réalise en 1997 La Guerre de l’Opium. Ce film épique dépeint cette guerre sino-anglaise de 1840-1842, une page tragique qui change complètement le destin de la Chine. Le film obtient 4 récompenses au Coq d’Or, dont celle du Meilleur Film, de la Meilleur Image pour Hou Yong, ainsi que le Meilleur Film du Huabiao.

En 2001, il réalise La Footballeuse n°9. C’est son dernier film.

A l’aube, le 18 octobre 2008, il est découvert, sans vie, dans une chambre d’hôtel de Shangyu, la ville où il est né.

Xie Jin est le réalisateur chinois qui remporta le plus grand nombre de prix. Malgré les douleurs et les souffrances qu’il a subies, ce Maître a consacré toute sa vie à raconter le déroulement et les temps forts d’une époque, ceux des courants politiques, de la vie des gens ordinaires et ceux des intellectuels.

Ses mélodrames sociaux et historiques, sont remplies de réalisme et d’humanité.

« Si, chronologiquement, l’on enchaîne ses 36 films à partir de La Guerre de l’Opium, c’est l’histoire contemporaine complète de la Chine que l’on regarde »

remarque Shi Chuan qui a réalisé le documentaire Xie Jin, le Maître.


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