Wu Xia

武侠
lundi 5 septembre 2011

1917, un village dans la région de Teng Chong, à l’ouest du Yunnan. Liu Jin Xi, fabricant de papier, vit paisiblement avec Ayu, mère célibataire de deux fils qu’il épousa, au sein de paysages enchanteurs. Deux malfrats armés surviennent pour dévaliser la boutique du voisinage : Liu Jin Xi les abat à main nue et devient la gloire locale. Cet exploit éveille la curiosité de l’enquêteur Xu Bai Jiu, malgré le soin apporté par Liu Jin Xi pour masquer toute aptitude au Gong Fu. Le détective ne tardera pas à soupçonner d’étranges capacités martiales chez « l’homme tranquille ». L’inspecteur perturbera la vie de toute la communauté par ses investigations, déterrant de sombres secrets. Tang Long, un membre des « 72 démons », clan vivant de rapines, ne constituerait-elle pas la véritable identité de Liu Jin Xi ? Au titre des rebondissements, le chef impitoyable des bandits intimera même à Tang Long, réfugié dans la clandestinité, de rejoindre sa bande sous peine de tout détruire…

Notre festival projettera cette superproduction, dont le tournage mobilisa plus de deux cents personnes, pour l’ouverture. Au demeurant, Wu Xia bénéficia d’une projection au Festival de Cannes 2011, renouant ainsi avec la sélection de King Hu en 1975.

Wu Xia associe deux genres : « arts martiaux », absolument pas seulement « film de sabre », et policier. Le cinéaste se montre soucieux de se démarquer par rapport au « genre martial », déjà largement fourni. Grâce au personnage du détective scientifique, une relation s’établit entre arts martiaux et méridiens de l’acuponcture, voire Qi Gong, sinon Gong Neng, en vue d’expliquer rationnellement les prouesses à l’écran.

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Les combats, au demeurant pas trop nombreux et ponctuant, comme climax, chacune des trois parties qui composent le film, se veulent réalistes, saisis selon une esthétique « crépusculaire », voire avec quelque humour : « film de héros », certes, mais guère aseptisé. Le long métrage expose volontiers le retentissement interne de coups… Donnie Yen lui-même dirige la chorégraphie, essentielle, alors que le réalisateur se soucie d’un montage méticuleux. Le cinéaste manifeste la volonté de déconstruire le spectacle inhérent au genre martial en essayant de le rationaliser.

Cependant, Wu Xia témoigne d’un hommage à l’époque faste du genre hongkongais lié aux arts martiaux, avec le rôle de méchant joué par Jimmy Wang Yu, star de la série Un seul bras les tua tous lancée par Chang Cheh en 1967 et que Peter Ho Sun Chan dit admirer tous deux. Wu Xia présente la première apparition à l’écran du vétéran depuis plus de dix-sept ans, sans doute jubilatoire en redoutable chef de bande, voire figure paternelle ambiguë.

Au delà des apparences et discours promotionnels, Wu Xia dans sa version 2011 doit surtout une dette au Silence of the Lambs, prototype en 1991 des scénographies bénéficiant aux « scènes de crime », à leur reconstitution, ainsi qu’à la médecine légale, matrice des fabuleux X-Files, puis des populaires CSI. L’autopsie devient un « genre » international, lié au mythe de la police scientifique. De Clarice Starling à Xu Bai Jiu en passant par « Peter Colombo Falk », de l’imperméable à la robe chinoise : généalogie pour le « film de détective » aspirant à la reconnaissance internationale…

Conjointement, on peut déceler un questionnement pertinent sur l’identité, la possibilité ou non de rédemption, voire quelque introspection. Les démons ne viennent-ils pas essentiellement du passé celé par les trois protagonistes ? Même le personnage incarnant la loi ne s’avère pas si simple. Takeshi Kaneshiro interprète un misanthrope à lunettes aux yeux de qui les hommes ne valent que « sacs de fluides fétides ».

Si le film use d’effets virtuels numériques, avec des experts établis en Corée du Sud, relevons le site de tournage périphérique, à proximité de la Birmanie, et ses qualités : paysages, bambous, luxuriance. Symboliquement, les eaux qui coulent doivent purifier le sang. Le décor contribue à l’authenticité voulue par le cinéaste.

S’agissant d’industrie cinématographique, les conditions de production dévoilent les rétroactions entre périphérie hongkongaise et centre continental. Le continent s’insère au cœur du cinéma hongkongais : aboutissement d’une tendance remontant à L’Aigle d’or tourné en 1964 en Mongolie intérieure.

Le cinéaste hongkongais Peter Ho Sun Chan travaille aussi comme producteur et fonda en particulier l’UFO : United Filmmakers Organization. Il remporta un immense succès en 2009 avec Les Seigneurs de la guerre, Jet Li, Takeshi Kaneshiro et Andy Lau : crépusculaires.

Donnie Yen œuvre aussi tel un chorégraphe, à l’instar de Jackie Chan. Au sein d’une abondante filmographie, son personnage de Ciel Étoilé figura au chef-d’œuvre épique Ying Xiong, Héros de Zhang Yimou.

Takeshi Kaneshiro, connu de son nom chinois Jincheng Wu, se révèle un acteur japonais particulièrement bien introduit dans le monde du cinéma chinois, collaborant régulièrement avec Peter Ho Sun Chan (Les Seigneurs de la guerre). Le Japonais participa aussi à un autre chef-d’œuvre épique : Le Secret des poignards volants réalisé en 2004 par Zhang Yimou, toujours en compagnie d’Andy Lau.

Li An, avec son fabuleux Lust, Caution de 2007, lança Tang Wei. Dans Wu Xia la comédienne incarne pour la première fois le rôle d’une mère.

L’expérimentée Hongkongaise Kara Hui offre, en vengeresse, la plus belle chorégraphie de combat. Li Xiaoran, talentueuse Fille du botaniste avec Dai Sijie, interprète l’épouse de Xu Bai Jiu, ainsi que son soutien financier.


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